Mars 2012, les conditions dans Belledonne sont excellentes, Loïc, un amateur de grands périples (TOE, trav de Belledonne en trail...) et avant tout mon binôme sur les courses de ski alpi par équipe, réussit sans grand mal à me motiver pour ce défi qui m'aurait paru impossible il y a quelques mois. L'objectif est de traverser le massif de Belledonne en ski en une fois. L'itinéraire que nous avons suivi fait environ 70 km pour 5500 m de dénivelé positif. Le 29 mars 2012 à 13h10, nous chaussons les skis à Chamrousse que nous avons rejoint en train et voiture (merci à nos chauffeurs pour le Grenoble - Chamrousse). Après 30 min, nous quittons les pistes et partons en direction de la Brèche Robert. Nous gardons les peaux et par une succession de montées et descentes nous arrivons après 2h de ski, au refuge de la Pra. Nous faisons le plein d'eau, bavardons un peu avec la gardienne et repartons pour le Col de Freydane par les Lacs du Doménon. C'est à 17h30 que nous enlevons pour la première fois les peaux. La descente est assez bonne sur le haut et skier les pentes juste en dessous du Grand Pic est toujours un bonheur. Cette première partie a été assez difficile pour moi, peut-être le stress devant l'importance du défi... En tous cas, ça va mieux pour la montée à l'Epaule du Rocher de l'Homme que nous atteignons rapidement. La descente dernière est assez raide avant de remonter au Col de mine de Fer dans une neige déjà bien transformée. En gardant les peaux, nous rejoignons en traversée la Brèche de Roche Fendue à 18h30. Nous sommes contents d'atteindre ce point de jour car la traversée qui arrive est loin d'être une partie de plaisir. Nous devons atteindre l'altitude de 1800 m sous le Pas de la Coche en traversant sur des terrasses exposées plein Est. Nous commençons par descendre puis nous traversons successivement des zones déneigées, des passages en remontée... Nous arrivons sous le Pas de la Coche à 19h40, et nous en profitons pour faire notre première pause à l'abri d'un pare-avalanche car le vent souffle fort dans le coin. Pour l'apéro, nous avons Coca et noix de cajou, ensuite ce sera fromage et pain. A 20h, nous repartons avec le jour pour environ 1h, l'objectif est le Col de Vache et l'itinéraire n'est pas évident car il y a encore pas mal de traversées. La trace n'est pas facile à faire dans une neige très molle et nous perdons pas mal d'énergie là-dedans. Le soleil se couche, nous nous retrouvons éclairés par la Lune. Nous en profitons pour regarder le ciel pur qui est au-dessus de nous. Nous y retrouvons Vénus, Jupiter et Mars pour les planètes, Orion, Sirius, La Grande Ours,... pour les étoiles. Nous parvenons à notre objectif vers 22h, nous commençons à être bien entamés, le vent glacial souffle fort, nous déphoquons pour descendre aux Lacs des Sept Laux. Les supers frontales Petzl prêtées par Arnaud (merci à toi) sont top, on y voit comme en plein jour, et du coup, ne perdons pas de temps à la descente. Aux Lacs, nous repartons pour notre 9ème col depuis notre départ. La fatigue commence à se faire sentir, mais l'équipe est soudée et nous nous relayons dans les moments plus difficiles jusqu'au Col de Mouchillon que nous atteignons à 23h20. Dans la descente sur la Combe Madame, la neige est inskiable, croutée, trafollée,... et nous n'avons pas besoin de ça !! Au beau milieu de la descente, Loïc me passe le téléphone, c'est Guylaine qui s'inquiète, maintenant, plus de soucis, tout le monde est serein pour la nuit... Nous arrivons au refuge de la Combe Madame à 0h10, 11h après notre départ de Chamrousse. Nous en profitons pour nous remplir le ventre avec des pâtes à la soupe forestière !! Excellent... Au refuge, au vu de la table, nous nous attendions à avoir du mal à trouver une petite place pour dormir mais en fait, il y a seulement trois personnes. Ils n'ont d'ailleurs pas dû tout comprendre, entre rêve et réalité, les discussions du matin ont dû aller bon train... C'est donc après 1h de ronflements et un petit thé, que nous repartons pour le col d'Arguille. Il est donc 2h55 lorsque nous attaquons la montée de la Plagne Vaumard, la neige est bien regelée et les skis ont du mal à accrocher dans la pente raide. Je décide de mettre les crampons aux pieds et les skis sur le dos, Loïc fera de même quelques minutes après. Je m'enfonce parfois, Loïc un peu plus ;) ce qui rend l'ascension assez pénible. Au milieu de la pente, Loïc se fait rattraper par le sommeil, encore un moment difficile à passer. De mon côté, j'essaie de trouver une solution pour mon binôme mais je suis presque dans le même état. Et oui, la fin de nuit est difficile à passer surtout sur cette pente gelée où l'on doit garder le maximum d'attention. Nous arrivons au Col d'Arguille à 5h50, nous allumons nos supers frontales et descendons sur le Lac Blanc. Le moral revient, Loïc n'a plus envie de dormir, nous savons que le jour ne va pas tarder, nous repartons donc pour le Col de la Valloire. Le jour se lève, nous sommes aux anges, ce n'est que du bonheur d'être là, tous les deux, dans la combe de Grande Valloire. A 8h10, nous sommes au Col de Valloire, un endroit que nous connaissons bien, où nous avons nos repères, c'est quand même bon... Nous traversons au Col de Comberousse, et avant d'entamer la descente, nous appelons Manu pour lui donner des news, il nous encourage, c'est sympa... Nous descendons tranquillement l'ex-glacier du Gleyzin avant de rephoquer et de rattraper 3 randonneurs partis du Refuge de l'Oule. Ca fait du bien de discuter un peu car nous n'avons rencontré pratiquement personne depuis le début de notre périple. Au Col de Morétan, nous basculons dans le Veyton, nous sommes pratiquement rentrés à la maison. Nous voyons Allevard, Le Collet, c'est chez nous... Nous nous arrêtons près de la cabane de Périoule pour manger un bout (Sauss' Raffin, Fromage, pain et cacahuètes). Ensuite, l'objectif initial était de remonter le Col de Bourbière, seulement à part le reste d'une grosse avalanche, il n'y a plus rien dans la combe, nous nous dirigeons donc vers le Col du Crozet. A mi-pente, il est 11h50, les pentes chauffent, nous sommes complètement rincés et encore assez lucides pour ne pas nous mettre dans des pentes Sud raides en plein après-midi. Nous descendons donc dans le Veyton, et arrivons au Pont du Veyton à 14h30, c'est-à-dire après 25h20 d'effort, 5500 m de dénivelé positif, 6500 m de dénivelé négatif et 70 km. Ce qui conclut d'une fort belle façon cette superbe traversée. Donc un grand merci à Loïc avec qui j'ai partagé cette aventure physique, technique et mentale, et qui m'a fait partager son expérience du "long". C'était mon premier "truc" long et je crois que je suis accro !!! Vivement le GRP... Pour voir les photos. Le Compte rendu de Loïc sur Biv'
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Commentaires
dommage que vous n'ayez pas pu finir la traversée comme prévu, mais il y a des circonstances ou il vaut mieux savoir renoncer.
C'est donc que vous etiez bien lucides a ce moment la, malgré la fatigue.
Je compatis pour la descente jusqu'a la route , on aurait preque pu vous prendre en stop en redescendant
@Loic : pas pu mettre de commentaire sur Biv, je pense que tu verra celui-ci
pascale